Une question à laquelle on devrait accorder un peu plus d’importance au Maroc, à en croire l’œuvre de la goutte de lait, l’association casablancaise des pédiatres privés et la société marocaine de psychiatrie qui ont organisé, le 10 Mars 2007 à Casablanca, une rencontre à ce sujet. «C’est une première au Maroc que de débattre d’une telle question. Et si nous l’avons fait, c’est parce que, pour nous, la psychiatrie du bébé et du fœtus représente l’avenir de la pédiatrie», déclare à ALM Dr Driss Benjelloun, président de l’œuvre de la goutte de lait qui a réuni, en son siège, près de 120 pédiatres et pédopsychiatres autour du débat. Pour le Dr Benjelloun, la pédiatrie ne peut faire abstraction de cette composante qu’est la psychiatrie. Or, il s’avère qu’aujourd’hui les troubles psychiatriques du bébé ne sont pas pris en considération comme ils le mériteraient. «Pourtant, ces problèmes mentaux sont nombreux, citons, par exemple, le rejet de la maman. Si on ne comprend pas à quoi est dû ce rejet, on ne peut aider ni le bébé ni sa maman», tient à souligner ce médecin.
En somme, les médecins ont une responsabilité beaucoup plus large vis-à-vis du bébé puisqu’ils doivent allier le physique au mental. «Il faut changer notre façon de nous occuper des bébés, comprendre que les bébés peuvent avoir des troubles et surtout savoir les prévenir», explique Dr Amine Benjelloun, spécialiste en psychiatrie du bébé et pédopsychiatre. D’après ce dernier, prendre en considération l’environnement d’un bébé et celui d’un fœtus devient capital pour leur éviter des troubles qui pourraient se déclencher soit parce que les structures d’accueil sont mal adaptées, soit parce que la maman souffre d’un handicap physique ou mental.
Entre soulever le débat et appeler à une pratique, la distance semble être grande. Mais l’on tient, là aussi, à relever le défi. «On en a les moyens et les outils même si le Maroc manque de pédopsychiatres. Chaque jeudi, un spécialiste du secteur vient à notre association pour veiller à ce que la psychiatrie soit une pratique en néonatologie», précise le président de l’œuvre de la goutte de lait.
Ce qui légitime, pour le Maroc, le besoin d’asseoir ce concept de périnatalité, c’est tout simplement le progrès.
D’après les trois organisateurs de cette rencontre, le domaine de la santé en périnatalité a enregistré une évolution qui a prouvé son efficacité à différents volets. Parmi ceux-ci : l’accompagnement des femmes enceintes, la réanimation néonatale et le suivi des enfants prématurés ou des bébés ayant présenté des pathologies sévères dès leur première année de vie. Cette avancée, selon les organisateurs, doit servir à «une refonte psychologique, sociologique et épistémologique, afin que les progrès médicaux ne soient pas exclusivement assujettis à un emballement moderniste».
A présent que le premier pas (le débat) a été concluant, le second sera, lui, décisif : «Il faudra passer à la sensibilisation des citoyens et des pédiatres, adopter les outils de travail nécessaire à la psychiatrie du bébé et du fœtus dans les structures de santé», estime ce pédopsychiatre. Il ne faudra, donc, plus attendre l’échec pour chercher des remèdes.
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