Le pays souffre d’un cadre législatif inadapté et de moyens trop limités pour une prise en charge correcte des patients. Le CNDH recommande notamment de s’aligner sur les normes internationales tandis que l’Etat va investir afin de renforcer l’offre de soins d’ici 2016.

A l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, célébrée le 10 octobre, l’Organisation mondiale de la société (OMS) rappelle que 400 millions de personnes sont atteintes de troubles mentaux ou neurologiques ou souffrent de problèmes psychosociaux, associés notamment à l’alcoolisme ou à la toxicomanie.

L’OMS précise que la dépression constitue actuellement la cinquième cause de mortalité et de handicap dans le monde et devrait atteindre la deuxième place d’ici 2020.

Au Maroc, la dernière étude consacrée à ce sujet est le rapport établi par le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) intitulé « Santé mentale et droits de l’Homme: la situation des établissements hospitaliers chargés de la prévention et du traitement des maladies mentales. »

Ce dernier a tiré la sonnette d’alarme sur la « désuétude de l’arsenal juridique, sa non-conformité, le manque des infrastructures et leur inadéquation au vu des standards de la répartition géographique, de l’architecture, des équipements mais aussi des normes de sécurité et de surveillance, le manque de ressources humaines et le mauvais traitement des patients ».

Les visites effectuées par le CNDH à 20 établissements hospitaliers spécialisés dans le traitement des maladies mentales et psychiques ont fait état d’anomalies se rapportant essentiellement :

-à « la qualité des prestations médicales et non médicales fournies aux patients,

-aux conditions d’hospitalisation,

-à l’absence d’une prise en charge spéciale aux franges des enfants, des mineurs, des personnes âgées et des délinquants ».

Le document a aussi relevé l' »exclusion de l’approche genre dans la totalité des cas ainsi que la carence de la justice à remplir pleinement son rôle de veille au respect des droits des malades mentaux ».

Pour pallier cette situation alarmante, le rapport a prôné, dans le cadre d’un processus participatif, de procéder à « la refonte de la loi du 30 avril 1959 relative à la prévention des maladies mentales et à la protection et au traitement des malades mentaux, en harmonie avec les normes internationales en la matière et de manière adaptée aux nouvelles réalités de ce type de maladies au Maroc ».

Le CNDH a également préconisé dans son rapport de « réviser le cadre légal relatif à la sécurité sociale, aux assurances-maladies et à l’ouverture des cliniques privées et d’adopter un statut adéquat régissant l’exercice du métier d’infirmier spécialisé en psychiatrie ».

Face à cet état de fait, la Stratégie sectorielle de santé 2012-2016 a érigé en priorité cette question avec un plan d’action détaillé comportant une cinquantaine de mesures. L’objectif est :

-d’augmenter le nombre de psychiatres, de pédopsychiatres et d’addictologues formés,

-de renforcer la formation d’infirmiers spécialisés,

-d’améliorer les compétences des intervenants en santé mentale – société civile, institutionnels et formation des médecins généralistes et des infirmiers – sur les signes somatiques et avant-coureurs d’un trouble mental.

L’amélioration et le renforcement de l’offre en psychiatrie et l’humanisation des structures de soins figurent également parmi les objectifs du plan d’action quadriennal avec notamment la création :

-de 3 hôpitaux régionaux spécialisés en psychiatrie (Agadir, Kenitra, El Kelaâ),

-de 10 services intégrés de psychiatrie,

-de 4 unités de pédopsychiatrie (Casablanca, Rabat, Fès, Marrakech),

-la mise aux normes des structures psychiatriques,

-l’aménagement de huit hôpitaux psychiatriques et

-la création d’un centre médicosocial (Casablanca).

« La santé mentale, comme d’autres aspects de la santé, peut être influencée par toute une série de facteurs socio-économiques (politiques nationales, protection sociale, niveau de vie, conditions de travail et soutien social offert par la communauté) sur lesquels il faut agir par des stratégies globales de promotion, de prévention, de traitement et de guérison mobilisant l’ensemble de l’appareil gouvernemental », relève l’OMS dans son plan d’action pour la santé mentale 2013-2020.